Ado - Parents : entre le trop et le pas assez
Pascal Anger psychanalyste psychothérapeute, médiateur familial, spécialiste des adolescents nous donne quelques pistes de réflexion pour redéfinir votre place avec votre adolescent et vous assurer que la communication reste bonne entre vous.
C’est le temps du collège et du lycée…C’est le temps de la métamorphose qui surprend parents et ados…
Il est difficile pour les parents de se trouver confrontés au mal être et au changement de leur adolescent.
C’est le temps de l’éloignement et des premières fois qui ne se passent pas toujours sans douleurs.
Dans toute vie de famille, les facteurs de stress sont nombreux. Les conduites à risques d’un adolescent peuvent mettre en difficulté la famille.
C’est toujours la famille dans son ensemble qui souffrira des modifications psychiques qui agitent l’adolescent.
À chaque étape de son développement, votre enfant change. En même temps, votre rôle de parent évolue aussi.
L’adolescent a besoin de s’opposer pour se construire.
L’adolescence est une période où l’on souhaite tout découvrir, tout essayer il y urgence, tout consommer même au risque de sa vie.
« Même pas peur » diront certains ados.
NI TROP, NI PAS ASSEZ.
De nombreux parents d’ados n’osent pas dire NON. Pourtant poser des limites reste essentiel, être présent et ne pas oublier que l’autorité est une protection.
Beaucoup de parents souffrent ne sachant comment faire face à un ado en crise qui revendique et s’oppose. Les parents ne se sentent plus légitimés à exercer leur autorité pour certains ce n’est plus un allant de soi. L’ado a grandi et son corps le montre mais dans sa tête il est encore en construction, alors comment faire ?
Lâcher ou ne pas lâcher telle est la question … Non, non il faut tenir et attendre… MAINTENIR LES LIENS c’est primordial, Beaucoup de parents manquent de repères, leur adolescent vient signifier leurs fragilités et leurs incertitudes, ils n’ont plus de boussole alors, fatigués ils achètent la paix.
Les séparations parentales n’aident pas forcément surtout lorsque la communication est rompue entre les parents. L’ado naviguent se construit un chemin entre les failles. L’ado s’enferme parfois dans le silence et se sent pris dans un conflit de loyauté.
A l’adolescence les parents peuvent consulter l’ado sur ce qu’ils souhaitent mettre en place pour lui au moment de la séparation, mais ils doivent rester en place de décideurs.
Certains parents au moment de la séparation disent a leur ado » tu fais ce que tu veux si tu veux venir chez moi ou pas » et l’ado entend » je ne tiens pas trop à toi fais ce que tu veux ».
L’ADO A BESOIN DE SA FAMILLE PLUS QU’ON NE L’IMAGINE
Un parent n’est ni un copain ni un dictateur. Le rôle de parent se situe entre les deux. La bonne position personne ne la connait. Acceptez de vous faire confiance en tant que parent vous faites souvent de votre mieux Alors….N’hésitez pas à lui parler de votre adolescence et des difficultés rencontrées. N’attendez pas d’être dépassé pour consulter, vous pouvez participer à un groupe de parole de parents. Cela produit des échanges fructueux avec des parents confrontés aux mêmes difficultés que vous. Les groupes de paroles permettent d’exprimer les affects, aident à préciser les représentations de vos rôles parentaux.
. Quand votre enfant traverse l’adolescence, votre rôle va évoluer et varier. Les ados ont besoin de règles, mais aussi de libertés, c’est peut-être ce qui est le plus difficile en tant que parent à doser. Votre ado souhaite être plus autonome et établit une certaine distance avec vous. Il faut l’accepter. L’adolescence est une période transitoire et temporaire.
Les règles, oui mais, ensemble.
Les ados grandissent, ce n’est pas une raison pour ne pas mettre de règles. Celles-ci doivent être claires et non négociable (on éteint les lumières de sa chambre à 22 h, téléphoner pour dire où on est lorsqu’on sort le soir, etc.) et peuvent être établies ensemble en famille. Les règles doivent être justes et appliquées en tout temps et on n’y déroge pas ; en cas de non-respect, on réinterrogera la transgression.
L’adolescence est une période de construction, d’affirmation et d’identification.
Comment gérer l’arrivée des cigarettes, de l’alcool et de la drogue dans leur environnement. S’il s’agit d’une expérience, il ne sert à rien de dramatiser la transgression fait partie de l’apprentissage. On peut avoir une discussion et présenter les arguments comme les effets sur la santé, la dépendance en signalant bien que c’est la substance qui nous gère ….
En ce qui concerne le bazar dans sa chambre votre ado doit comprendre que là encore il y a des règles c’est son refuge et son intimité certes mais ce n’est pas sa résidence secondaire, ni un hôtel.
Sentez-vous légitime dans l’exercice de votre l’autorité parentale. Encore une fois, L’autorité parentale protège l’ado.
La juste mesure en ce qui concerne la négociation est plus facile à trouver lorsqu’on communique en famille. Il est important de trouver des terrains de rencontre et d’échanges avec nos ados.
Accepter que son ado ne soit pas nous.
Sortir de la fusion, ne pas se projeter sur nos ados, accepter qu’un changement s’opère. Il doit pouvoir expérimenter et se tromper ainsi il pourra avancer sans honte.
Votre ado n’est pas la personne que vous avez été ni celle que vous souhaitez qu’il ou elle soit : c’est une personne bien distincte, avec des rêves différents des vôtres et de ceux que vous avez projetés sur votre enfant. Il ne faut pas lui faire porter le poids de vos propres rêves non réalisés. Il développe une personnalité distincte avec des idées des valeurs et des comportements différents des vôtres.
L’adolescent doit apprendre à faire lui-même les bons choix et ce n’est pas facile, cela demande de pouvoir expérimenter, cela fait avancer.
Prendre le temps de réfléchir.
Si votre adolescent demande quelque chose qui vous ennui ou fait une crise, au lieu de trancher brutalement, rapidement ou d’agir promptement, prenez le temps de réfléchir.
Souvent l’adolescent a du mal à exprimer ses désirs et ses besoins .
Vous pouvez lui demander de préciser sa demande et de faire valoir son point de vue. Vous ne pouvez pas toujours savoir quoi faire. Le fait de parler à d’autres parents qui vivent les mêmes choses peut aider, Vivre avec un adolescent c’est beaucoup d’émotions, beaucoup de hauts et de bas, des humeurs en dents de scies.
Le parcours est jonché de plaisir, de secousses et de crises. Ces turbulences riment avec adolescence. La crise d’adolescent est salutaire, nécessaire et incontournable. Pour l’adolescent, comme pour l’adulte, entrer en conflit est une façon détournée de communiquer son inquiétude et son angoisse. L’adolescent a besoin d’être entendu dans ce qu’il vit.
L’univers des adultes peut lui paraître inquiétant pour son bien-être. Il met une distance raisonnable et nécessaire avec ses parents, pour pouvoir vivre des émotions nouvelles, des désirs interdits, des expériences sexuelles inconnues et de nouvelles fréquentations qui vont parfois entrer en conflit avec les valeurs parentales. Ces bouleversements, sont source de souffrance et de difficultés. L’isolement, la violence, la colère, témoignent d’un profond désarroi chez l’adolescent.
Les difficultés de communication parent/adolescent sont denses mais remettent pas en cause la compétence parentale.
Les adolescents ont besoin d’un cadre sécurisant, mais ils ont aussi besoin, pour se découvrir et définir leur identité, de plaisir et de liberté. Ils revendiquent leur liberté, parfois de façon abrupte mais ils ont besoin du soutien et des paroles bienveillantes et réconfortantes de leurs parents. Ce conflit entre le besoin de liberté et le besoin d’encadrement des parents est souvent perçu par l’adolescent comme une menace à son intégrité et à son autonomie. Ce sentiment de menace va venir troubler les relations familiales ainsi que les relations scolaires.
Parfois, c’est l’organisation de la famille qui complique les choses, d’autres fois c’est la façon dont est valorisé la personnalité de l’adolescent et son autonomie.
L’adolescent, par peur d’être mal compris, de déranger, de provoquer un conflit ou de fragiliser un parent, s’empêchera d’évoquer ce qui le trouble et le préoccupe. Paradoxe, Ce silence risque d’être un sujet d’interrogation pour les parents et une source de souffrance pour l’adolescent.
La crise d’adolescence est un phénomène normal, les perturbations dans la communication peuvent être évitées. Les parents doivent accepter de se remettre en question, d’enrichir leurs connaissances sur la psychologie des adolescents et rester aux aguets des signes de désarroi. L’adolescence peut se caractériser par une humeur fluctuante, une irritabilité face aux parents, une défiance voire une rébellion face aux adultes Si le fonctionnement relationnel de l’adolescent devient compliqué au point de perturber son développement psychique, de mettre en danger sa vie de tous les jours et sa réussite scolaire et que la souffrance et les difficultés sont trop présentes, les parents ne doivent pas hésiter à demander l’accompagnement d’un professionnel pour leur adolescent. Un mal être qui persiste doit alerter les parents.
D’autres situations peuvent affecter le bien-être psychologique des adolescents, comme la peur de l’avenir, l’isolement et le repli sur soi, l’amitié prend souvent une place importante dans leur vie ainsi que le sentiment d’appartenance à un réseau social, le deuil d’un parent proche, la séparation des parents, la famille élargie….
Si la communication parents/ ados est bien établie, Les ados mais aussi les parents ont la possibilité de se sentir en sécurité.
Les principaux motifs d’entretiens qui poussent parents et ados à consulter sont les difficultés scolaires, les conflits au foyer, les addictions aux écrans, au cannabis ou à l’alcool.
La communication sincère, compréhensive et bienveillante, l’acceptation de la spécificité des besoins de nos adolescents commencent par une bonne connaissance de soi. Dans ce sens, On ne peut qu’encourager les parents à aller chercher un accompagnement pour leur adolescent, et eux s’ils se sentent débordés afin de pouvoir être dans un rapprochement et une sérénité dans la famille. N’oublions pas que les familles ont des ressources et des capacités créatives qui peuvent permettre de trouver des solutions pour le maintien d’un climat harmonieux.